Arnoux, C. Bobée, P. David, E. Kim et P. Chatzimpiros

Le travail nécessaire de modélisation de la transition à venir passe par une réflexion rétrospective portant aussi bien sur les sociétés industrielles que sur les systèmes renouvelables des sociétés préindustrielles et des pays émergents. La recherche menée par M. Arnoux, C. Bobée, P. David, E. Kim et P. Chatzimpiros sur l’évolution de longue durée des systèmes énergétiques autour de Paris, avec le soutien de la région Île-de-France (post-doc de 18 mois du DIM R2DS pour E. Kim) et de la Mission Interdisciplinarité du CNRS (Programme CAUSE, projet MODHIST, 10K€) porte à la fois sur son évolution dans le contexte du développement industriel depuis le milieu du xixesiècle, et sur les dynamiques territoriales qui ont présidé, depuis le moyen âge, à l’établissement autour de la métropole parisienne d’un réseau dense et durable de ressources énergétiques hydrauliques et éoliennes. Partant de la carte de Cassini (vers 1750) et des enquêtes de l’époque révolutionnaire et du début du xixe siècle, il est possible de cartographier les établissements et de réfléchir sur leurs règles de répartition dans les territoires, et d’autre part de commencer un travail sur les dynamiques de longue durée. Cette enquête a déjà abouti à une première publication portant sur les transformations de l’équipement hydraulique du bassin versant de la Seine depuis le milieu du xixesiècle.

L’abondance des informations disponibles dans les archives permet d’envisager une approche des dynamiques de transition énergétique en contexte renouvelable sur une durée d’un millénaire, jalonnée de phases de croissance et d’épisodes de crises et marquée par des changements technologiques constants. L’accumulation de données sur le passé énergétique de l’espace métropolitain parisien n’est pas un but en soi mais il permet d’émettre des hypothèses sur les dynamiques de court et long terme à l’œuvre dans la construction d’un système renouvelable de grande ampleur. En particulier, la construction à partir de la carte de Cassini d’un fichier de type SIG comprenant l’ensemble des moulins à eau et à vent, enrichi des informations historiques pertinentes permet de poser des questions novatrices. Considérant les moulins comme des convertisseurs d’énergie appartenant à deux types différents selon le flux d’énergie naturelle qu’ils captent et connaissant leur distribution des moulins sur un territoire donné (la partie nord du royaume de France), il est déjà possible de se demander s’ils suivent à travers les âges une loi précise (ou plusieurs). Sont-ce les mêmes distributions selon le type de moulins ? On trouvera dans l’encadré ci-dessous un exemple de test à partir d’une modélisation de type systèmes complexes.

Une approche de ce type peut permettre de décrire en termes de distribution aléatoire ou de lois de répartition, ou encore d’émergence des phénomènes que les documents d’archives ne permettent le plus souvent d’approcher que de façon parcellaire et de décrire de façon souvent impressionniste et toujours statique.