Usages et partages de l’eau
Les tensions internationales sur la ressource en eau peuvent se renforcer avec les changements climatiques. Comment les acteurs s’adaptent-ils, de l’échelle des foyers ou des régions, jusqu’à l’échelle internationale ? Que faire pour concilier les demandes contradictoires des individus, de l’agriculture, des industries et de la protection de l’environnement ?
Agnès Ducharne (hydrologue, CNRS, UMR 7619 METIS, Paris)
L’eau et ses usages : les contraintes nouvelles imposées par le changement climatique en France
L’Anthropocène oblige à penser les ressources en eau dynamiquement, comme la résultante d’une offre liée au cycle de l’eau et d’une demande anthropique. Pour étayer ce point de vue, je présenterai d’abord les impacts du changement climatique sur les ressources en eau (global et France), en précisant les méthodes mises en œuvre (modélisation climatique et déclinaisons). J’aborderai ensuite la dépendance des ressources en eau aux usages et prélèvements, eux même soumis à la disponibilité en eau, et les conséquences en terme d’adaptation. Je m’appuierai notamment sur le cas du Marais Poitevin, qui subit une baisse des ressources en eau à cause des pompages agricoles depuis plusieurs décennies, ce qui a amené les irrigants locaux à imaginer la solution des retenues de substitution ou mégabassines.
Chloé Nicolas-Artero (géographe, Politecnico di Milano)
Politiques publiques de production d’eaux non conventionnelles dans le pourtour méditerranéen
Le terme d’eaux non conventionnelles renvoie à la mobilisation de technologies alternatives pour utiliser des ressources non exploitées (ex : eau de mer) ou pour améliorer l’utilisation d’eaux conventionnelles (ex : recharge de nappes). Ces « eaux nouvelles » sont souvent présentées par les organisations internationales et les États comme une solution, souvent peu contestée, pour augmenter les disponibilités en eau dans les régions arides et semi-arides. Depuis les sustainability transition studies, nous proposons d’interroger les transitions hydriques engagées par cinq pays (Espagne, Italie, Égypte, Tunisie et Algérie) et ce, dans une approche dite Nord/Sud. Après avoir relativisé l’ampleur de ces transitions, nous comparerons successivement les barrières à la production des eaux dessalées (de mer et saumâtres), des eaux traitées et de la collecte des eaux de pluie ainsi que leurs effets spatiaux dans chacun des pays. Il s’agira ainsi de dessiner les premiers contours d’une géographie politique des eaux non conventionnelles comme stratégie d’adaptation face au réchauffement climatique dans le pourtour méditerranéen.
Débat final animé par Roselyne Ferrari (biologiste, LIED, Université Paris Cité) et Héloïse Nez (sociologue, LIED, Université Paris Cité)